Le jeune homme se réveilla, et profita encore quelques minutes de la tiédeur de son lit. Puis, voyant le temps filler, il se leva et abandonna sa forteresse de couvertures. Il se dirigea vers la salle de bains et fit sa toilette. Il devait être beau et sentir bon pour plaire à la jolie fille qui venait d'emménager dans le quartier. Il enfila donc ses plus beaux habits... un t shirt à l'effigie des Beatles ainsi qu'un vieux jeans.
Dans l'autobus le conduisant à l'école, il sentit la nervosité envahir ses tripes. Et si elle avait déjà un petit copain ? Et si elle le trouvait laid ? Et si son plan ne fonctionnait pas ? L'autobus s'engagea dans le stationnement de Oundle, l'école publique de Northamptonshire. Il entra dans le bâtiment et se rendit discrètement à son casier, mais trop tard : Daniel et sa bande l'avaient vu.
- Salut le demeuré
- Va te faire mettre connard
Le combat s'engagea. Daniel tenta par deux reprises de frapper le garçon au visage, mais ce dernier savait esquiver les coups. Il frappa son assaillant au menton puis dans le thorax. Daniel était KO ! Cependant, les cinq amis de ce dernier assaillirent le jeune garçon, qui se défendit vaillamment, mais en vain. Un groupe d'élèves regardèrent la scène avec pitié, mais ne vinrent pas en aide à la pauvre victime de 13 ans.
Plus tard, il reçut quelques soins à l'infirmerie, et fut autorisé à se rendre à son cours d'anglais. Personne ne fut surpris de le voir arrivé avec un oeil au beurre noir. Les nouvelles se répandent très rapidement à Oundle. Il s'assit tout au fond de la classe et passa le reste du cours dans les méandres de son esprit. Depuis quelques temps, il gagnait toujours son combat préliminaire contre Daniel. Le problème, c'était lorsque ses cinq gardes du corps se mettaient de la partie... Peu importe, l'important maintenant était de remettre secrètement le poème qu'il avait écrit pour la belle Rose. . Il y avait travaillé pendant des heures, la veille, et il était certain que ses beaux mots d'amour suffiraient à conquérir son cœur. Il aurait le temps de le glisser discrètement dans son sac à dos, dans la tumulte qui suit généralement la fin du cours d’anglais.
3
2
1
DRIINNGGGG
Le garçon bondit de son siège, et, au bon moment, glissa la feuille de papier sur laquelle il faisait la cours à sa belle. Et voilà, il ne restait plus qu’à attendre sa réaction. Ils avaient un cours d’histoire après le déjeuner.
Comme à son habitude, il passa l’heure du midi seul, au fond de la cafétéria. Daniel avait été expulsé pour le restant de la journée, il aurait donc la paix d’ici là… Puis, il remarqua Rose. Elle se dirigeait vers sa table. Elle avait le sourire aux lèvres. Le garçon ne put s’empêcher de sourire à son tour. Elle avait été touchée par son poème ! Elle s’assit en face du jeune homme, le regarda droit dans les yeux, et se mit à rire. Un rire cruel, qui fendit l’âme amoureuse du garçon. Elle lui montra son poème et le déchira en une douzaine de morceaux. Douze coups de poignards droit au cœur. Puis, elle laissa le garçon seul.
Peiné et humilié, il quitta l’école et courut tout le long du chemin vers sa maison. Jamais il ne serait aimé, jamais il ne serait populaire, jamais il ne serait écrivain, jamais il ne serait un artiste. Il jeta à la poubelle ses disques vinyles des Beatles et de Deep Purple.
Quelle mauvaise journée pour le petit Bruce Dickinson.
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Mot de l'auteur
J'avais rien à faire et je me suis amusé un peu. J'ai inventé le personnage de Rose... mais le reste est très près de la réalité.